mercredi 4 décembre 2013

Abolition ou prohibition, attention parties de cache-cache


Le matin Raoul aime regarder les seins de Maria. Ils se touchent et tremblotent à chacun de ses mouvements. Généreux, ils affichent comme une raie des fesses sous son visage. Le moment que Raoul préfère c'est lorsque Maria touille son petit noir. Sa poitrine prend alors un rythme régulier, c'est vivant, c'est beau et les effluves de son parfum, mélangés à l'odeur du café sucré viennent chatouiller les narines de l'ouvrier déjà fatigué par une journée qui n'a pas encore commencé. C'est toujours en reposant sa cuillère qu'elle lui adresse un grand sourire en lui disant : "Bonjour, mon homme, comment ça va bien ce matin ?" Mais aujourd'hui il ne lui répond pas et détourne sensiblement son regard.
— Qu'est ce qui ne va pas ? insiste Maria.
Raoul ne bouge pas, ne répond pas, puis lève juste un doigt en direction de René. Le barman comprend illico qu'il lui faut une autre bière et un croissant. Maria connait le bonhomme, elle jette un second sucre dans sa tasse, et tourne encore plus vite qu'avec le premier. Raoul n'y résiste pas. Il lève les yeux. Elle baisse légèrement sa tête et leurs regards se croisent enfin.
— Hey, tu vas pas te choper un PV parce que tu mates mes nichons et qu'on discute de bon matin. Oh, mon Raoul, t'es où, là ?…
— Ben, déjà que tu m'astiques le pif avec ton parfum excitant, que t'envahis mes neurones avec la danse incantatoire que font tes mamelles, j'ai peur de me choper une peine pédagogique, moi… Ma femme l'a écouté la Najat Vallaud belkacem, j'étais avec elle et franchement j'ai eu la chair de poule, pire que pour l'exorciste. J'osais même pas mater son décolleté pigeonnant sous le perchoir de l'assemblée.
— Pigeonnant, t'exagères. Mais t'as raison, elle avait mis les nichons au balcon.
— Ben oui, ça me concerne. Je l'aime bien finalement, sa loi à la Najat, c'est je l’espère, un peu de protectionnisme. Fini les réseaux étrangers, les Africaines, les Russes et autres esclaves aux portes de Paris et fini les Chinoises qui branlent la France en leur faisant croire que c'est du massage traditionnel. Non… Ce que je déteste, c'est l'article 16. Parce que tu vois, avec tes 1431 € de SMIC par mois, ça va te faire mal, s'ils t'attrapent en train de me consommer. Avec l'article 16, t'es quasi ruiné mon loup.
— Ouais ben oublie… Hips… Je travaille sur moi, pour que le besoin irrépressible, la quéquette en folie quittent mon corps.
Raoul comprend qu'il va devoir faire le deuil d'une grosse partie de sa personne. Il fixe la mousse de sa bière qui disparait doucement de la surface puis trempe son croissant et croque dans la corne. Maria le regarde avec un large sourire.
— Quoi… Pourquoi tu ris, Maria ?
— Je me dis que tant qu'on a un croissant à tremper, la vie n'est pas si moche. Faudra qu'on fasse comme les riches, c'est plus toi qui vas aux putes, c'est moi qui viens à toi.
— Ouais ben t’oublies j’ai pas les moyens de prendre une chambre au Carlton. Et puis, si t'arrêtais, Maria…? T'as toujours dit que t'aimais pas ça, et qu'on empeste le bouc.
— Pas toi, mon Raoul. J’adore ta timidité et ta façon de te sentir coupable une fois que t'as éjaculé. Ya certaines brebis que je garderais bien. Tu sais, quand les chaines ne te retiennent plus, rien ne t'empêche de rester à côté. Ne plus être esclave, c'est pas évident, surtout quand on est souvent une maitresse, voir un maitre pour ceux que je gode.
— Franchement, je croyais que tu voulais arrêter…
— Ben oui, j'aimerais arrêter… Même que je préférais être une animatrice télé qui couche avec un homme politique. Mais aujourd'hui c'est mon boulot et je ne peux pas le quitter comme ça… Et toi t’aimes ton boulot de merde sur les chantiers…? Et ton pote, Vincent il aime bosser chez PSA pour une misère et savoir que son mac, le père Varin se tire avec 21 millions d'euros.
— Il a dit qu’il renonçait
— Tu déconnes là…? Raoul, tu le crois…? Tu fais confiance à ce Monsieur Philippe Varin capable de négocier une retraite chapeau de 21 Millions d'euros…?  Crois-moi… Je sais entendre le mensonge dans la bouche d’un homme. Il va le palper son blé, d'une manière ou d'une autre. Son renoncement, c'est de la com pour les pauvres. Vos patrons sont de vrais esclavagistes, ils vous payent juste ce qu'il faut pour manger et avoir chaud. Ils vous inventent le loto pour vous laisser espérer et oublier la révolte. Ben oui, on ne parle plus de révolution quand on est si accro à la télé, à ses vacances et à ses matches de foot. Vous êtes des esclaves gavés de conneries. Immobiles.
— Putain t'y va fort. Burpppsss.
— C'est le cas de le dire, mon Raoul avec ta bonne bouille de multi récidiviste. Mais tu vois, les rêves que l'on fait enfant sont parfois les cauchemars que l'on vit adulte. J’ai rêvé que j’avais plein de Princes charmants, et j’en ai eu des milliers, répugnants et encore à l’état de crapaud. Si j’avais été éduquée en mode Najat Vallaud Belkacem, une femme à l'égal de l'homme, de façon naturelle, jamais je n'aurais eu le cerveau embrumé par une grenouille qui se transforme en homme et qui te saute ou l'inverse. Quelle histoire de merde : une grenouille qui se glisse dans ton lit. Des gros connards ces frères Grimm. Je veux un camion de pompier et pas une Barbie qu’a pas de culotte et qui porte des robes de princesses ridicules.
— Waou t’es une poète Maria
— Non, je suis triste.
— Ouais, moi aussi… René ! Remets-nous deux bières s'il te plait.

vendredi 8 novembre 2013

Aux 343 connards...



Je suis Maria et je ne supporte plus la vanille, la fraise et autres parfums additionnels des préservatifs que je pose sur mes clients. Le mélange avec leur transpiration et leurs traces fécales ne me lâche plus la grappe même lorsque je croque une fraise. Je ne suis pas une pute de luxe, alors le bonhomme qui vient me voir, il ne sent pas toujours la rose. Toi qui n’as pas sucé ton mari depuis des lustres, je te rappelle que lorsque ta bouche est pleine de son pénis, tes narines n’ont jamais été aussi proches de son anus et de sa paire de couilles. Quand vos maris viennent me voir après leur boulot, ce n’est pas la petite baise dominicale, avec le gentil toutou douché de la veille que tu t’empresses de chevaucher pour profiter de sa gaule matinale et oublier qu’il n’a plus de désir pour toi. C’est un chien fou qui a chié deux fois dans la journée et qui a pissé pressé en laissant ses dernières gouttes imbiber son slip. C’est cela que je découvre quand je lui vends mes charmes et qu’il ouvre son froc et que je n’aime pas ça. Hein! Les connards.
Une fois, oui j’ai baisé propre dans le luxe, à Etretat. Le type voulait se faire un trip Pretty Women. Il m’a ramassée à Auteuil avec sa BM. Alors certes sa paire de couilles ne sentait pas la sueur, la pisse et la merde. Pas parce qu’il était riche, simplement parce qu’il a pris le temps de me prendre en week-end. On avait une chambre avec une salle de bain plus grande que mon studio et deux restaurants. Mais ses attentions puaient l’humiliation. J’ai tiré son caddy devant ses potes. Il m’a laissée conduire la voiturette, il en a profité pour m’écarter les cuisses et me mettre une balle de golf dans la chatte. Il était content. Il a fait rire ses copains. Ensuite, il m’a effacée en me lâchant porte de Saint-Cloud, le dimanche soir. Il me jette généreusement 100 euros pour un week-end entier à me faire baiser. Et il ose rajouter : « ça ira comme ça, ça t’a fait des vacances et de bonnes bouffes ». J’ai travaillé deux jours non-stop, dimanche compris pour 100 euros, salopard. Oui j’ai mangé des langoustes, des huîtres et du caviar. Oui j’ai bu du champagne. Oui j’ai sucé ta bite de joueur de golf et celles de tes collègues. Oui, ils m’ont défoncée violemment. Alors oui, j’ai envie de vous donner sa plaque d’immatriculation, ici et maintenant, dans ces lignes. Des chiffres et des lettres qui sont entrés dans ma tête alors que son foutre glissait encore entre mes cuisses après une dernière baise sans protection, il lui fallait du danger pour l’exciter un peu plus. Le con. Sa voiture s’enfuyait rue Michel-Ange et j’avais envie qu’ils me payent ce qu’il me doit pour m’avoir fourrée par tous mes orifices, avant, pendant et après ses dix-huit trous. Je veux les 1500 euros que tu vas me piquer, ils me reviennent à moi et pas à toi. Oui toi l’État : Père imprévisible qui me traite comme une inconnue. Tu es maintenant capable de punir ce que tu es incapable d’interdire. Alors Papa, si tu veux absolument condamner mon client, je voudrais qu’il soit pute, juste un jour. Un jour à faire la pute et à se taper dix clients. Soit clément Père, juste dix pour un début, c’est déjà beaucoup. Quand il rentrera chez lui la bouche pâteuse, une petite fissure au coin de la lèvre et le trou du cul douloureux, après cette journée difficile où le consentement est porté par l’obligation d’accomplir sa peine, il comprendra que s’il doit de surcroît, faire cela dans une clandestinité totale, il n’aura qu’une envie, te dire lui aussi : « touche pas à mes clients. Merde ! » Et s’il te plait, Papa, ne me transforme pas en appât pour taxer un mec qui aura eu une demi-molle en passant sur mon trottoir, juste pour se souvenir de moi dans son lit. Laisse-moi l’illusion d’un peu de poésie dans ma vie.
Alors Père, un peu de respect pour tes ouvrières qui vidangent les mâles de leurs pulsions ou bien ton putain de pays deviendra un véritable bordel. Donne-nous confort et sécurité. Ose nous débarrasser de nos macs et des réseaux que tu connais trop bien. On aura plus facilement la liberté de choisir une autre voie. Et une dernière chose : « si tu n’es pas foutu de faire juste ce que je viens de te demander, car cela est si simple que le fait de ne pas agir fait de toi, mon Père, un véritable suspect, je te dirais simplement : occupe-toi de tes fesses. »
Pour le manifeste des 343 salauds, j’affirme qu’ils ne peuvent en devenir des signataires lucides, uniquement après avoir vécu eux aussi, une journée de pute.