jeudi 21 juin 2007

J’ai niqué (mon entretien) sur Second Life

Dépêche agence de presse - juin 2007. 
Second Life est un nouveau terrain pour l’embauche. Le responsable marketing d’Expectra a déclaré qu’en quinze jours, ils ont reçu plus de 500 visiteurs et récupéré plus de 40 CV. 


J’ai niqué (mon entretien) sur Second Life 

Bizarre ma vie en ce moment. Après la manifestation du 6 mai, place de la Bastille, j’ai passé huit jours à Fleury-Mérogis avant qu’ils ne se rendent compte que je voulais juste acheter un kebab frites. Ouf, j’ai eu chaud aux miches. Enfin grâce à cette aventure, je me suis fait un nouveau pote : Maurice. Il a 59 ans c’est un vieux, mais il est sympa, un peu cassé le mec dans sa tête. Il zone dans la rue, alors de temps en temps, je l’héberge. Il n’est pas facile à vivre. Il ne tient pas en place. Il m’a raconté mai 68, j’ai tout compris pour la révolution sexuelle, par contre, je n’ai rien pipé pour le reste. Enfin je pense qu’il a toujours un pavé coincé dans le cerveau depuis cette révolution avortée. J’essaie de le mettre au goût du jour. Je lui parle de mon entretien sur internet, il ne comprend rien. Je lui montre mon avatar, je lui dis regarde, c’est moi. Il me prend pour un fou et part en me piquant un saucisson dans la cuisine. Je commence alors à tchater avec Lesley, une Américaine qui me tombe dessus. Je lui dis, hello. Je suis content d’avoir une nouvelle amie, mais je débute sur Second Life et je suis pressé, car j’ai un rendez-vous d’embauche. Le tout en anglais of course. D’un coup, elle se met topless, me montre ses seins et elle me propose une téléportation dans un endroit coquin. Mon sang de bourricot ne fait qu’un tour et paf, je clique illico. Je me retrouve alors, dans une partouze au Dark Heat, magnifique terrain de débauches. Du cul partout, je croise des mecs en érection partout, des nanas à poil partout. Lesley se met complètement nue et me montre son sexe, un presque vrai sexe de femme. J’apprécie, je tente un zoom pour vérifier, elle me dit : « DO IT ». À ce moment, je crois qu’il me faut courir comme si j’avais une paire de Nike aux pieds. Mais elle se met à quatre pattes. Virtuel ce monde et cette meuf, mais ma paire de couilles réagit. Je pense que c’est le joint que je fume qui me fait délirer… Mais non, c’est excitant, alors je clique sur la petite boule bleue et me voilà en levrette derrière mon Américaine. Elle commence à me tchater des : « huuummm good yyeeeessssss argggghhhhh », mais d’un coup, elle se lève et me dit : « where is your cock, put it ». Je traduis, je sais vous êtes bien français et mauvais en anglais, donc traduction : « où est ta bite, mets-la. » Et là je lui réponds un truc délire : « je ne sais pas, je n’ai pas de bite. » C’est dur à dire, ça fait drôle, je n’ai pas de bite. Eh ben d’un coup, elle disparaît, pchittt… Je ne comprends rien. Timidement je m’approche d’un mec en érection, même dans Second Life, c’est impressionnant… Si, si… Et je lui demande comment il fait pour se servir de son sexe. Il m’explique que pour commencer, il faut que j’aille en acheter un. OK, Lesley m’a laissé tomber parce que je n’avais pas de sexe… Alors je pars en quête d’une quéquette, je ne trouve pas… Oups, du coup je suis à la bourre pour mon entretien, paf, je clique, je me téléporte, j’arrive nu comme un ver dans le bureau d’embauche, et re-paf je suis viré. Là : déprime, je tire une taffe… En vrac, je pense à Lesley… Au saucisson que m’a piqué Maurice. Voilà, c’est tout moi, je pouvais danser à la Concorde au lieu de me faire matraquer à la Bastille ben non, je peux passer mon entretien cool chez Expectra au lieu de chercher une paire de couilles pour niquer Lesley, ben non…Ouais y a pas de doute, elle est bizarre ma vie ces temps-ci. D’autant que mon but maintenant : m’acheter une paire de couilles sur Second Life, suurrrrrfffffff, je retire une taffe. Je ne peux pas vivre sans, même dans un monde parallèle. Tiens, je me demande s’il en avait une, le mec de chez Expectra. C’est sûr, habillé ou pas t’as envie d’en avoir. Marrante, cette vie où il faut s’acheter un pénis.


mardi 5 juin 2007

La réforme ambitieuse de Maurice

Dépêche agence de presse Juin 2007.
Le ministre du développement durable, Alain Juppé a invité les Bordelais à participer dimanche à un pique-nique, et à une promenade à vélo.

La réforme ambitieuse de Maurice

Ce matin, je ramasse un journal. Je lui arrache une page pour emballer mon morceau de pain et le protéger de la poussière. Qu’est ce que je vois en photo : le Canadien Juppé avec un saucisson dans les mains, qui fait un pique-nique et du vélo à Bordeaux... C’est drôle rien que de voir ce morceau de barbaque, j’ai retrouvé sous mes papilles le goût du bon vin. C’était en d’autres temps, avant que je ne vive dans la rue. C’est marrant, ce Canadien si loin de nous, autrefois, commence à manger sur l’herbe, il se rapproche de ses bêtes, les flatte et les caresse juste avant de mener le troupeau aux urnes. Je l’aime bien moi ce berger à vélo, cet homme nature, proche de la vie simple, toujours prêt à partager sa tranche de sauciflard. Quelqu’un m’a dit qu’il la faisait payer 1,66€, mais ce doit être une mauvaise langue… C’est pas un gagne petit le canadien. Ce mec, il a traversé le désert sous la neige, ça c’est fort ! Un beau pays le Québec, ça te refait une santé, ça te change un homme. Il paraît que tu apprends à t’aimer… C’est pour ça qu’il s’est mis à aimer son prochain… Aime ton prochain comme toi-même… C’est sûr, cet homme s’aime. Et maintenant, il s’occupe des plantes. Une mauvaise langue m’a dit qu’il ne s’occuperait que des belles plantes, je l’crois pas. C’est un ministre, il est sérieux, il va faire une politique qui se veut respectueuse de l’environnement, moi qui suis une mauvaise herbe, je vais donc avoir une chance, comme quoi : ça a du bon la biodiversité. Mais y a pas de doute, faut que je m’arrache d’ici. Je suis probablement le meilleur d’entre mes potes, si je vais au Canada, je reviens et je deviens le meilleur des meilleurs. À moi la rue… À moi la vedette… À moi les télés… Hips… Tiens au fait il est où : le Don Quichotte… Faut que je lui dise : faut aller faire un campement au Canada. Et quand on revient on a des vélos et du saucisson à volonté. Ouais, c’est ça : « ON VEUT des vélos et du saucisson, ouais donnez nous des vélos et du saucisson. »
C’est fou depuis que je me suis fait embarquer par les flics à l’époque des GRANDES émeutes anti-Sarko à la Bastille, je me sens une âme de sans-culotte. OUAIS : « ON VEUT DES VÉLOS ET DU SAUCISSON. » Hein… C’est pas une réforme ambitieuse ça. Hips…

Jean Valles